Tribune : Les élu·es ERC et la rénovation de l’ancien hôpital

Au conseil municipal du 8 septembre, nous, élus du groupe Ensemble Réinventons Crest, avons voté POUR l’acquisition par EPORA du foncier de l’ancien hôpital, à l’exception de Gilles Rhode. Il est important d’expliquer ce vote[1]. Nous soutenons cette acquisition car elle est une étape cruciale pour le devenir du site de l’ancien hôpital, emblématique de notre ville. Toutefois, cette approbation ne signifie pas un accord avec le projet de réhabilitation porté par la Mairie.

EPORA, établissement public, semble être le meilleur outil à la disposition des collectivités pour réhabiliter une friche de cette ampleur, avec une vision politique au service de la Ville et des habitant·es. C’est une opportunité formidable : la seule qui permette de choisir le devenir du site et de prendre le temps pour concevoir, avec tous les partenaires publics et privés potentiels, un projet d’urbanisme cohérent au cœur de Crest. Sans cela, la Ville n’aurait ni les moyens ni la trésorerie pour le faire, et serait contrainte d’espérer qu’un opérateur extérieur soit preneur de la totalité du site pour en gérer la transformation et qu’il ne devienne pas une friche.

L’achat par EPORA ne signifie pas non plus que le projet définitif sera celui proposé à ce jour par la majorité municipale : la réflexion peut, et doit, se poursuivre. EPORA propriétaire aura pour mission de dépolluer, préparer l’ensemble du site, et conserver la propriété jusqu’à ce que la Ville désigne un ou des acheteurs-opérateurs pour réaliser un ou plusieurs projets, issus d’une concertation avec les différents acteurs. Plusieurs communes de la taille de Crest ont engagé des réhabilitations de cette ampleur, au service et avec les habitants et les acteurs : ce type d’opération est un ferment important pour la cohésion et la vie d’une ville.

Nous restons fermement en désaccord avec le projet soutenu par la Mairie, projet d’ailleurs très éloigné de celui que l’équipe municipale actuelle annonçait dans son programme électoral de 2020.

Ce projet n’est pas cohérent avec les besoins en matière de logements de notre territoire : le diagnostic du programme local de l’habitat montre que nombre de résidents permanents modestes ont besoin de solutions dans un parc social et/ou communal. Les surfaces anciennement propriétés de l’hôpital sont une opportunité de répondre aux besoins.

Ensuite, la réalisation d’un hôtel de 60 chambres est discutable : un autre type d’hébergement touristique, de moindre taille, semble plus adapté, à la fois en termes d’impact économique réel sur la Ville et la vallée, et de pression sur la ressource en eau déjà contrainte.

Enfin, la démolition d’un bâtiment de 3 000m2 en bon état général, outre qu’elle fait fi du patrimoine et de la mémoire collective, représente un gaspillage d’argent public et de surfaces bâties.

La commission extra-municipale dédiée, créée à la va-vite en réponse à la mobilisation d’habitant·es et du collectif Hôp, s’est réunie le 23 septembre pour la 1ère fois : malheureusement, le Maire y a redit qu’elle n’avait pas vocation à discuter des lignes directrices du projet, mais plutôt d’apporter des idées pour des modifications à la marge.

Il est urgent de se donner le temps et les moyens d’une véritable concertation avec tous les acteurs concernés. Les différents usages publics ou privés envisageables pour ce lieu sont nombreux, pour répondre à des besoins identifiés : logements accessibles, accueil temporaire de jeunes ou de saisonniers, lieux de création artistique, maison des associations, habitat partagé intergénérationnel, ou autres lieux d’échanges. Il faut leur permettre de se manifester, de se projeter, y compris financièrement ou en termes d’accessibilité ou de stationnement.

Il faudra du temps, de l’énergie, de la volonté politique : c’est pourquoi le portage par EPORA a tout son sens, pour nous donner collectivement le temps de construire un projet cohérent et partagé. Crest est engagée, avec la communauté de communes dans une opération de revitalisation du territoire : le devenir du site de l’hôpital en est un des maillons forts. Le site est complexe, le chemin vers la solution le sera probablement aussi, mais nous devons prendre le temps indispensable pour le mener à bien, car nous devons absolument réussir cette réhabilitation. Nous restons mobilisés pour agir en ce sens avec toutes celles et tous ceux qui le souhaiteront.


[1] L’article du Crestois du 15 septembre indiquait par erreur que nous nous étions abstenu·es